Voilà l’extrait d’un discours qui a eu un effet pire qu’une bombe pour la France. Un discours qui n’a pas manqué d’entraîner un riposte de la France-Afrique : réaction qui a détruit complètement l’équipe du Grand Maodo qui était très bien partie pour faire émerger l’Afrique. La France a employé nos propres compatriotes pour cette sale mission honteuse et incongrue.
« La politique du Sénégal, clairement définie, s’est fixée trois objectifs qui sont, dans l’ordre où elle veut les atteindre : l’Indépendance, l’unité africaine et la confédération… Nous disons Indépendance d’abord, mais en nous fixant ce préalable nous ne faisons qu’interpréter l’aspiration profonde de tous les peuples d’Afrique Noire à la reconnaissance de leur personnalité et de leur existence nationale. L’Indépendance est un préalable. Elle n’est pas une fin en soi. Elle n’est pas un idéal en elle-même, mais pour ce qu’elle rend possible. Elle ne véhicule pas une volonté de succession. Elle ne recèle aucune intention d’isolement ni de repliement sur soi… Nous disons Indépendance, et nous disons ensuite Unité africaine. Si l’Indépendance que nous voulons n’est pas la sécession, elle n’est pas davantage l’indépendance dans le cadre de chaque territoire, la rupture de toutes les solidarités fédérales existantes, le repliement à l’intérieur de frontières dont nous avons jamais cessé de dénoncer le caractère artificiel…Enfin, au-delà de l’Indépendance et de l’Unité, le Gouvernement du Sénégal, avec le Congrès de Cotonou, propose la négociation avec la France d’une Confédération multinationale de peuples libres et égaux. Cette solution nous apparaît comme la seule réaliste et la seule durable parce qu’elle est la seule qui tienne compte à la fois du sentiment national des masses africaines, de leur aspiration à l’unité et de leur volonté d’entrer dans le monde moderne au sein d’un ensemble plus vaste encore. C’est pourquoi, nous regrettons de voir écarter la Confédération, avec toutes les perspectives d’association qu’elle contenait… ce serait pour l’Afrique un recul d’un demi siècle alors que tout lui commande d’aller de l’avant… Car avec quel peuple l’Afrique Indépendante et unie pourrait-elle plus librement et volontairement s’associer qu’avec le peuple de France, qu’elle connaît, et qu’elle aime. »
Extrait du discours de Maître Valdiodio NDIAYE, prononcé à Dakar le 26 août 1958. Il était Ministre de l'Intérieur et de l'Information et représentait Monsieur Mamadou DIA, Président du Conseil de Gouvernement du Sénégal, qui était retenu en Suisse pour des raisons de santé.